Ô, inconfortable plaisir !

En 1878, Nietzsche écrivait :

La science donne beaucoup de satisfaction à celui qui y consacre son travail et ses recherches, mais fort peu à celui qui en apprend les résultats. Mais comme toutes les vérités importantes de la science ne peuvent que devenir peu à peu banales et communes, même ce peu de satisfaction disparait : c’est ainsi que nous avons depuis longtemps cessé de trouver le moindre plaisir à apprendre la table de multiplication, pourtant si admirable.

[…] on peut prédire presque à coup sûr le cours que prendra l’évolution humaine: le goût du vrai va disparaître au fur et à mesure qu’il garantira moins de plaisir; l’illusion, l’erreur, la chimère vont reconquérir pas à pas, parce qu’il s’y attache du plaisir, le terrain qu’elles tenaient autrefois: la ruine des sciences, la rechute dans la barbarie en seront la conséquence immédiate; l’humanité devra se remettre à tisser sa propre toile après l’avoir, telle Pénélope, défaite pendant la nuit. Mais qui nous garantira qu’elle en retrouvera toujours la force ?

Nietzsche, “L’avenir de la science“, 1878, comme cité dans Étienne Klein, “Le goût du vrai“, Tracts Gallimard, 2020.

Et si, comme pour la course à pied, nous trouvions du plaisir dans l’inconfort et l’épreuve (intellectuelle, sociétale, …) ?

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