Sur le bonheur (2)

La majorité des moments plaisants que nous vivons (B(T)>0) nécessite de l’investissement (temporel, financier, …) en aval et/ou en amont, que ce soit un trajet, un babysitting ou autre. Bref, à presque tout B(T)>0 correspond un B(T-e)<0 et/ou B(T+e)<0.

Or, comme nous l’avons vu, notre objectif est de maximiser la surface de notre courbe H, et il est donc important de connaitre les caractéristiques de la fonction de transfert entre B et A, afin de prendre une décision quant à ces potentiels moments B. L’investissement en vaut-il la chandelle ? Continuer à lire

Ô, inconfortable plaisir !

En 1878, Nietzsche écrivait :

La science donne beaucoup de satisfaction à celui qui y consacre son travail et ses recherches, mais fort peu à celui qui en apprend les résultats. Mais comme toutes les vérités importantes de la science ne peuvent que devenir peu à peu banales et communes, même ce peu de satisfaction disparait : c’est ainsi que nous avons depuis longtemps cessé de trouver le moindre plaisir à apprendre la table de multiplication, pourtant si admirable.

[…] on peut prédire presque à coup sûr le cours que prendra l’évolution humaine: le goût du vrai va disparaître au fur et à mesure qu’il garantira moins de plaisir; l’illusion, l’erreur, la chimère vont reconquérir pas à pas, parce qu’il s’y attache du plaisir, le terrain qu’elles tenaient autrefois: la ruine des sciences, la rechute dans la barbarie en seront la conséquence immédiate; l’humanité devra se remettre à tisser sa propre toile après l’avoir, telle Pénélope, défaite pendant la nuit. Mais qui nous garantira qu’elle en retrouvera toujours la force ?

Nietzsche, “L’avenir de la science“, 1878, comme cité dans Étienne Klein, “Le goût du vrai“, Tracts Gallimard, 2020.

Et si, comme pour la course à pied, nous trouvions du plaisir dans l’inconfort et l’épreuve (intellectuelle, sociétale, …) ?

Contre la linéarité

“Un diplôme universitaire, ça ouvre plein de portes !”. Des portes d’opportunités professionnelles, des portes de réflexions intellectuelles, des portes de relations humaines riches, et j’en passe. Cette phrase, à l’approche de la maturité, on l’entend très (trop ?) souvent.

Puis, on franchit la porte du monde professionnel. Et là, la fracture est violente. “Votre CV indique un trou de 3 semaines, pourriez-vous m’expliquer ?”. Bienvenue dans l’ère des vies continues, linéaires et monotones croissantes.

Parce qu’en absorbant, et donc créant, des créatures standardisées, le risque des entreprises diminue. Mieux vaut vérifier la gueule du chat dans le sac, qu’il ait bien 4 pattes et une queue. Quitte à ce qu’on sache pas trop le reconnaitre des autres.

Récemment, on m’a dit que mon salaire serait calculé sur base “des années d’expérience relevantes pour le job”. J’ai fui. Comme si nous étions fait de blocs Lego séparables, et pas d’un tout indissociable, riche de son passé et son avenir. Comme s’il fallait construire une équipe de processeurs, plutôt qu’une collection d’individus, au tout clairement supérieur à la somme des parties.

La prévisibilité est rassurante. Mais elle est aussi tueuse de créativité, d’innovation, de folie, de bonheur. Alors repensons le développement humain, en lui laissant libre cours. Laissons les gens oser, chercher, dévier, créer. Pour une humanité plus joyeuse, et au final, certainement plus innovante.